Féminité et voyage en Égypte : entre regards, attentes et réalités

Lorsque nous avons réservé ce voyage en Égypte avec ma sœur, je m’étais préparée à la confrontation avec l’histoire millénaire, les temples, les pyramides, le Nil. Mais je savais aussi, en tant que femme, que ce voyage ne serait pas seulement une rencontre avec les monuments : ce serait aussi une rencontre avec les regards, les codes sociaux, et mes propres questionnements sur ce que signifie voyager en tant que femme dans un pays où les normes de genre sont très différentes de celles auxquelles je suis habituée.

J’avais lu des conseils, parfois alarmistes, parfois encourageants. Je savais qu’il faudrait “adapter ma manière d’être”, choisir mes vêtements avec soin, et garder une certaine vigilance. Mais rien ne remplace l’expérience et le récit de ces propres impressions. C’est pourquoi je vous expose dans cet article ma vision de mon voyage en Egypte en tant que femme

Les regards : entre curiosité et intrusion

Dès les premiers jours, j’ai senti le poids du regard. Pas toujours hostile, parfois même bienveillant, mais omniprésent. Marcher dans une rue du Caire ou de Louxor, c’est sentir qu’on ne passe pas inaperçue. Parfois, c’est un simple “welcome” lancé avec le sourire. Parfois, c’est un flot de mots en arabe dont je ne saisis pas le sens. Parfois encore, c’est ce regard insistant qui ne se détourne pas. Au début, c’est déstabilisant. On se sent scrutée, observée, comme si chaque geste devenait visible. Puis, peu à peu, j’ai appris à décoder : la curiosité de ceux qui croisent peu de voyageuses, la légèreté des vendeurs qui testent leur chance, mais aussi, parfois, une forme d’intrusion qui fatigue.

Entre liberté et adaptation

Voyager en Égypte m’a rappelé que la féminité n’est pas vécue de la même manière partout. Là-bas, la norme est différente. Beaucoup de femmes portent le voile, d’autres non, mais la pudeur vestimentaire reste un repère culturel fort. J’ai choisi de m’y adapter : pantalons longs, épaules couvertes, foulard dans le sac pour les visites de mosquées. Non pas par contrainte, mais par respect et pour me sentir à l’aise. Mais même avec ces précautions, je me suis souvent demandé : est-ce que je suis vue comme une étrangère libre de ses mouvements, ou comme une femme qui “dérange” parce qu’elle voyage ? Ces questions, je ne me les pose pas en Europe, mais en Égypte, elles m’ont évidemment traversée l’esprit.  

Les moments de beauté suspendue

Et pourtant, au milieu de ces ajustements, il y a eu des instants où la féminité retrouvait une légèreté presque universelle. Je pense à ce coucher de soleil sur le Nil, assise à l’arrière du bateau, cheveux défaits par le vent, le regard perdu dans l’horizon. Personne pour me juger, juste la sensation d’être une femme voyageuse, présente et vivante. Je pense aussi à ces rencontres avec des Égyptiennes, dans le village nubien d’Assouan par exemple, qui m’ont accueillie dans leur maison aux murs colorés. Un thé, des rires, des gestes simples. Et cette impression que la féminité se partage autrement : dans le soin apporté à la maison, dans la complicité entre femmes, dans le regard posé sur les enfants.

Les réalités du quotidien

Bien sûr, tout n’est pas idyllique. Le harcèlement de rue existe, les sollicitations des vendeurs sont épuisantes, et la vigilance reste de mise. Voyager en tant que femme en Égypte, ce n’est pas avancer en insouciance. C’est plutôt garder un rythme attentif, apprendre à dire non fermement, à poser des limites, à faire preuve de discernement. Mais c’est aussi accepter cette réalité comme faisant partie du voyage : un miroir tendu, qui m’a obligée à réfléchir à ma propre condition de femme. En Égypte, j’ai mesuré combien elle pouvait être perçue différemment selon les contextes : d’un côté, il y avait le regard de cette petite fille qui admirait mes cheveux aux vents et mes avants-bras dénudés, de l’autre le regard jugeur et déconcerté des femmes plus âgées.

Ce que j’en retiens

Voyager en Égypte en tant que femme, ce n’est pas seulement visiter des sites grandioses, c’est aussi un chemin intérieur. C’est apprendre à composer avec le regard de l’autre, à trouver son propre équilibre entre adaptation et affirmation. Je suis rentrée de ce voyage avec des images splendides : les temples baignés de lumière, les dunes dorées d’Assouan, les hiéroglyphes colorés de la Vallée des Rois. Mais je suis aussi rentrée avec une autre image, plus intime : celle de moi-même, femme-voyageuse, parfois déstabilisée, parfois admirée, toujours en quête de liberté.

Voyager en tant que femme en Égypte : mes conseils pratiques

1. Vêtements et dress code

  • Optez pour des vêtements amples et couvrants : pantalons longs, robes longues, tuniques à manches longues.
  • Couleurs sobres : évitez les tenues trop voyantes ou moulantes.
  • Un foulard dans le sac : indispensable pour les visites de mosquées.
  • Les maillots de bain sont tolérés dans les hôtels et bateaux de croisière, mais préférez un paréo/une serviette pour circuler hors de la piscine.

2. Attitude dans l’espace public

  • Marcher avec assurance : la posture compte beaucoup, même si vous n’êtes pas sûre de l’endroit.
  • Éviter les sourires ou gestes trop familiers avec des inconnus : cela peut être interprété comme une invitation.
  • Un simple “La, shokran” (“non, merci”) dit fermement suffit le plus souvent pour couper court aux sollicitations.

3. Sécurité et organisation

  • Voyager en groupe ou avec un guide local peut réduire la fatigue liée aux sollicitations et donner un cadre rassurant.
  • Si vous êtes seule, préférez les taxis officiels, Uber ou Careem (application locale) plutôt que d’arrêter un taxi dans la rue.
  • Évitez de sortir seule le soir dans les zones isolées. Dans les grandes villes comme Le Caire, privilégiez les quartiers animés.

4. Gérer les sollicitations

  • Les vendeurs peuvent être (très) insistants, surtout autour des sites touristiques. Gardez un ton ferme mais poli.
  • Les propositions de balades à cheval ou en calèche près des pyramides sont souvent des pièges à touristes : mieux vaut réserver via un intermédiaire fiable ou votre guide directement.

5. Quelques astuces pour les voyageuses solo

  • Inscrivez-vous à des excursions organisées à la journée pour profiter des sites sans la pression de tout gérer seule (via Getyourguide, Viator…)
  • Utilisez la solidarité féminine : entrer en contact avec des voyageuses sur place ou demander conseil à des Égyptiennes francophones ou anglophones si nécessaire.
  • Gardez une attitude détendue mais prudente : la majorité des Égyptiens sont accueillants et curieux, et savent faire preuve de respect si l’on établit des limites claires.

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