Faut-il vraiment visiter le temple d’Abou Simbel ?

À 280 kilomètres au sud d’Assouan, presque aux portes du Soudan, se dresse l’un des monuments les plus impressionnants de toute l’Égypte antique : le temple d’Abou Simbel. L’excursion demande un effort logistique : lever à l’aube, plus de trois heures de route à travers un désert monotone, souvent en convoi, mais la récompense est à la hauteur. Car face aux colosses de Ramsès II, taillés dans la falaise il y a plus de 3 200 ans, on comprend vite que le voyage en valait chaque minute. Je vous partage dans cet article tout ce qu’il faut savoir sur le temple d’Abou Simbel et mon avis objectif sur cette excursion populaire au départ d’Assouan.

Un chef-d’œuvre de Ramsès II : histoire et symbolique

Construit au 13ème siècle av. J.-C. (vers 1264–1244 av. J.-C.), sous le règne du pharaon Ramsès II, le Grand Temple d’Abou Simbel avait un double objectif à la fois politique pour impressionner les Nubiens voisins, montrer la puissance militaire et religieuse de l’Égypte ; et religieux dans le but d’honorer les dieux Amon-Rê, Rê-Horakhty, Ptah et bien sûr Ramsès II lui-même, divinisé de son vivant. La façade est dominée par quatre statues colossales de Ramsès II, hautes de 20 mètres. À l’intérieur, une succession de salles mène jusqu’au sanctuaire, où une particularité astronomique fascine encore : deux fois par an, à l’aube du 22 février et du 22 octobre, les rayons du soleil pénètrent jusqu’au sanctuaire et illuminent trois statues assises, toutes sauf Ptah, dieu des ténèbres.


À côté, le Petit Temple est dédié à Néfertari, l’épouse bien-aimée de Ramsès, et à la déesse Hathor. Fait exceptionnel dans l’art égyptien, la reine y est représentée à taille égale au pharaon, signe de son statut particulier.

Une prouesse moderne : le sauvetage d’Abou Simbel

Le site n’est pas seulement un témoin de l’Antiquité : c’est aussi l’un des plus grands chantiers archéologiques du 20ème siècle. Dans les années 1960, la construction du Haut Barrage d’Assouan menaçait d’engloutir Abou Simbel sous les eaux du lac Nasser. Grâce à une campagne internationale menée par l’UNESCO, les temples furent démantelés pierre par pierre (plus de 1 000 blocs) et déplacés 65 mètres plus haut, entre 1964 et 1968. C’est aujourd’hui l’un des symboles de la coopération culturelle mondiale, et un exemple de sauvetage patrimonial sans précédent.

Visiter Abou Simbel : guide pratique

Comment s’y rendre ?

  • En bus/minibus : la formule la plus courante est un départ d’Assouan vers 4h du matin pour arriver à l’ouverture du site (trajet d’env. 3h30). Le trajet en bus est long mais traverse le désert nubien. Le lever du soleil au-dessus des dunes est un spectacle en soi. C’est le moyen de transport que nous avons utilisé lors de notre voyage.
  • En avion : vols réguliers Assouan–Abou Simbel (45 min), plus chers mais rapides.
  • En bateau de croisière : certaines croisières sur le lac Nasser incluent également la visite du temple d’Abou Simbel.

Prix et horaires

  • Entrée : env. 260 EGP (environ 8 €)
  • Ouvert tous les jours de 5h à 18h (horaires variables selon saison).

Combien de temps prévoir ?

  • 2h sur place suffisent pour visiter les deux temples et profiter des points de vue.
  • Avec le trajet, l’excursion prend une demi-journée complète (dans le cadre d’une excursion en groupe, le retour à Assouan s’effectue vers 13h).

Avec ou sans guide ?

Un guide est vivement conseillé pour comprendre la symbolique et repérer les détails architecturaux (notamment les reliefs racontant les campagnes militaires de Ramsès).

Conseils photo

  • Arriver tôt pour profiter de la lumière douce du matin et éviter la foule.
  • Le meilleur angle : depuis la rampe descendant vers le temple principal, qui donne toute l’échelle des colosses.

Associer Abou Simbel à d’autres visites

Beaucoup de voyageurs combinent Abou Simbel avec :

  • Assouan (îles, Philaé, villages nubiens)
  • une croisière sur le Nil vers Louxor
  • ou, pour les passionnés, d’autres sites nubiens (Kalabsha, Amada, Wadi es-Seboua).

L’expérience vécue : entre fatigue et émerveillement

Soyons honnêtes : se lever à 3h du matin, rouler des heures dans le noir puis dans un désert infini, et arriver avec des bus entiers de touristes peut sembler décourageant. Mais la fatigue s’efface instantanément lorsqu’apparaît la façade monumentale, surgissant de la roche comme un mirage. Ce qui frappe, ce n’est pas seulement la taille des statues, mais la force du lieu : une impression de puissance brute, de permanence, face au désert et au lac Nasser. À l’intérieur, les fresques colorées et les reliefs racontent la gloire de Ramsès II, ses victoires militaires, sa volonté de se graver dans l’éternité. Malgré la foule, il est possible de trouver un moment suspendu, par exemple en s’asseyant face au Petit Temple, plus calme, où le sourire de Néfertari semble adoucir la solennité de l’ensemble.

A lire : Assouan au fil de l’eau : dunes, îles et village nubien

Alors, faut-il aller à Abou Simbel ?

La route est longue, le réveil est rude, le site est fréquenté. Mais Abou Simbel est unique. C’est un voyage au cœur du génie de Ramsès II, un témoignage de la puissance égyptienne antique, et un lieu sauvé in extremis par la communauté internationale. Alors faut-il vraiment visiter Abou Simbel ? Oui, absolument. Car une fois face aux colosses, l’effort du trajet disparaît, et il ne reste que l’émerveillement brut devant l’un des plus grands chefs-d’œuvre de l’humanité.

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